MORIN- 12 IDÉES NEUVES POUR CHANGER LA FRANCE
Les charges sociales patronales sont en France parmi les plus élevées d’Europe. C’est un handicap majeur pour la performance de nos entreprises et pour le pouvoir d’achat. Réduire massivement les charges, c’est possible en transférant sur la TVA une partie du financement de notre protection sociale, à hauteur de 35 milliards d’euros. C’est la TVA pour l’emploi. Grâce à cette baisse massive des charges compensée, les produits français seront moins chers à l’export et les 75 millions de touristes étrangers financeront notre protection sociale en payant la TVA. Un « Grenelle de la fiscalité » fixera la part consacrée à la hausse des salaires et celle consacrée à l’amélioration de la compétitivité des entreprises.
On n’a pas le droit d’abandonner notre jeunesse. Trouver son premier job relève du parcours du combattant tant les barrières sont nombreuses sur le marché du travail. L’exonération à 100 % de charges sociales patronales pendant un an pour toute première embauche d’une durée minimale d’un an doit permettre aux jeunes d’acquérir plus facilement leur première expérience professionnelle et de réussir leur entrée dans la vie active.
Les conflits d’intérêt et les délits politico-financiers minent notre démocratie. Parce que les élus doivent être les premiers à donner l’exemple, la morale et l’honnêteté imposent l’inéligibilité à vie des élus condamnés pour corruption.
Les Français n’acceptent plus le cumul des mandats qui confisque le pouvoir entre les mains de quelques-uns alors qu’une démocratie moderne doit plus que jamais reposer sur le renouvellement de ses élus et leur rajeunissement. Interdire le cumul des mandats et des fonctions, c’est aussi indispensable pour enfin atteindre la parité et faire entrer la diversité en politique.
Les médecins ne sont pas assez nombreux et ils n’ont jamais été aussi mal répartis dans l’Hexagone. Le désert médical a gagné de nombreux territoires. 58 % des Français ont ainsi renoncé à se faire soigner en raison d’un délai trop long pour obtenir un rendez-vous. Il est urgent de restaurer une proximité des soins, en particulier en milieu rural. Il faut adapter le nombre de diplômés par des internats régionaux et refuser le conventionnement des médecins qui choisissent de s’installer dans des zones déjà sur-dotées.
Le droit du travail a tellement été rigidifié qu’il a conduit à la précarisation des salariés : 80 % des embauches sont aujourd’hui des CDD de moins de trois mois. Il faut instaurer un contrat de travail unique à droits progressifs alliant tout à la fois une plus grande souplesse du marché du travail pour favoriser l’embauche et une meilleure protection des salariés qui verront leurs droits sociaux augmenter au fur et à mesure du temps passé dans l’entreprise. Les cotisations chômage des entreprises seront modulées par un bonus / malus : plus une entreprise aura une gestion respectueuse de ses salariés, moins ses cotisations chômage seront élevées.
Les rythmes scolaires ne sont pas suffisamment dictés par l’intérêt de l’enfant. Ce n’est pas d’un nouveau bricolage dont nous avons besoin, mais d’une vraie réforme des rythmes scolaires, avec un temps scolaire limité au matin pour réserver tous les après-midi aux travaux en groupe et aux activités sportives, culturelles et artistiques au sein de l’école.
On a confondu politique du logement et mécanismes de déductions fiscales (dispositifs Périssol, Robien, Besson, Sellier…) pour réduire le montant de l’impôt sur le revenu. On a construit trop de logements neufs dans des régions sans problème, sans jamais répondre à la crise du logement, notamment dans les zones urbaines. Le logement représente 30 % du revenu des ménages contre 15 % en 1980. Il faut construire 130 000 logements sociaux par an en imposant 20 % de logements sociaux dans tout nouveau programme immobilier.
Alors que l’IVG est gratuite et anonyme, paradoxalement la pilule reste payante pour les mineures, à moins de se rendre dans un centre de planification familiale. Pour stopper l’augmentation alarmante du nombre d’IVG pratiquées par les mineures, il faut leur permettre l’accès à la pilule de façon anonyme et gratuite à partir de 16 ans.
Combien de Français ne vont plus voter parce qu’ils ne se reconnaissent plus dans l’offre politique qui leur est proposée ? Comptabiliser les votes blancs permettra de reconnaître l’expression politique de ces centaines de milliers de citoyens qui ne veulent pas se résigner à choisir entre l’abstention ou le vote protestataire aux extrêmes. La reconnaissance du vote blanc va de pair avec l’instauration du vote obligatoire.
L’inégalité salariale entre les femmes et les hommes et une pratique indigne qui ne peut plus durer. L’égalité salariale doit cesser d’être un voeu pieux pour devenir un droit opposable devant les tribunaux. Les entreprises seront tenues de publier chaque année un rapport sur l’état des rémunérations entre les femmes et les hommes.
La loi change tout le temps, ce qui amène les acteurs économiques ou sociaux à consacrer un temps colossal à la complexité administrative. L’instabilité juridique et fiscale nuit à l’investissement et rend difficile toute initiative sur le long terme. Le Gouvernement doit s’engager à ce que toute nouvelle loi votée pendant le quinquennat ne soit plus modifiée jusqu’à la fin de la législature. La simplification passera par un principe simple : c’est à l’administration de gérer sa propre complexité, pas aux citoyens.
Le monde est en train de changer. Il n’est plus dominé par les Occidentaux. De grandes puissances émergent. Seule une Europe fédérale nous protégera de la mondialisation et nous permettra de peser dans la construction du monde nouveau. Avec l’euro, il nous faut une intégration économique européenne reposant sur une harmonisation fiscale, une convergence sociale, une politique industrielle et de recherche commune, et l’instauration du principe de réciprocité dans nos relations avec le reste du monde.